Pour autant que j'aie bien tout saisi, mon pays la Belgique est un état fédéral composé de trois régions aux compétences législatives et administratives assez larges (la Région wallonne au sud-est, la Région flamande au nord-ouest et la Région bruxelloise, qui comprend la capitale et son agglomération, au centre) et de trois communautés linguistiques aux compétences principalement culturelles et sociales. Ces communautés linguistiques ne se superposent pas directement aux régions (la communauté française administre les francophones de Wallonie et de Bruxelles, la communauté flamande administre les néerlandophones de la Région flamande et de Bruxelles, et la communauté de langue allemande administre les germanophones principalement répartis dans l'est de la Région wallonne.) Entre la Région wallonne et la Région flamande existe une "frontière linguistique" officielle, qui fait beaucoup parler d'elle. De part et d'autres de celle-ci s'égrènent des "communes à facilités linguistiques", habitées par des minorités importantes de populations parlant la langue pratiquée dans la région d'en face. On n'entend pas parler, par contre de problèmes "frontaliers" entre les francophones et les germanophones. Mais existe-t-il réellement une frontière linguistique officielle entre eux ?
L'anglais, langue qui a ses qualités, et qu'il est bien pratique de connaître lorsqu'on fait comme moi de la botanique et de l'informatique, n'est donc pas d'usage officiel en Belgique. Il est même fort probable qu'il soit encore beaucoup moins connu par les Wallons que par les Flamands (alors, pourquoi la Région wallonne choisit-elle "win" comme dénomination de son intranet ?)
Quoiqu'il en soit de l'emploi des langues et de la forme des institutions, le tout est de les faire marcher tant que faire se peut, et en leur conservant leurs fonctions premières, qui sont pour les langues de communiquer, et pour les institutions d'organiser la vie en commun dans le respect mutuel.
Calculette, Audimat et Langue de bois
En Belgique cependant, de querelles linguistiques en révision des institutions, on se demande parfois si certains élus ne fantasment pas autour de systèmes de gouvernement imaginaires en faisant abstraction de leurs utilisateurs, et en oubliant aussi que pour gouverner il est aussi indispensable d'avoir un coeur et un cerveau humain pensant, qu'une calculette. Il n'est pas impossible cependant que les rares citoyens rencontrés par ces mêmes élus soient, par l'entremise de leur téléviseur, la ménagère des pubs pour poudre à lessiver ou le jeune cadre des pubs pour compagnies d'assurances (notez bien que moi, personnellement j'adorerais rigoler un bon coup avec la nana des pubs pour "Crunch", même si je n'aime pas les chocolats qu'elle essaie de nous vendre !)
Évidemment, à partir du moment où on considérerait que gouverner consiste à calculer en temps réel comment conserver à un groupe quel qu'il soit les privilèges du pouvoir, la calculette pourrait se révéler des plus utiles. En association, bien entendu avec l'audimat et la langue de bois (seule langue utilisée occasionnellement partout en Belgique comme à l'étranger, en politique, en publicité et dans toutes les autres "performances" de communication !)
Win Bin Vin
Hallucinant mais vrai ! Après le "win" (wallonie intranet), nos édiles et Belgacom nous prépareraient le "bin" (Bruxelles intranet) et le "vin" (Vlanderen intranet, c'est à dire l'intranet de Flandre). Nous "tasterons" ce dernier plus tard (les crus du Hageland flamand, qui ne sont pas mauvais du tout ont sollicité il y a peu de la Région flamande l'appellation contrôlée), mais quant au "bin", si j'étais bruxellois, je le prendrais mal ! "bin" signifie poubelle en anglais ...! Je veux bien qu'on fourre parfois un peu n'importe quoi dans un intranet, mais à ce point ! ... Il est vrai que la version actuelle du logo officiel de la Région bruxelloise (sensé représenter l'iris jaune des marais, Iris pseudacorus, emblème de notre capitale) prête à confusion. Me promenant il y a quelques mois avec une botaniste slovène sur le trottoir d'une jolie avenue bruxelloise en face des bâtiments de Belgacom, je lui ai demandé si elle connaissait la plante figurée par ce logo apposé sur les poubelles, et elle m'a répondu "Aoh! Bananas."
Mais plus grave encore. Lors de la dernière "ducasse" (fête religieuse annuelle) de la ville de Mons, en Wallonie, le combat de Saint Georges contre le dragon faillit mal se terminer: le pistolet de Saint Georges était enrayé ! Ne devrait-on pas demander la démission du ministre de la Défense nationale ?