La mémoire en composte
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La mémoire en composte

D
e 1954 à 1962 la France faisait la guerre en Algérie et l'état ne le disait pas. L'aveu est officiel depuis l'adoption par l'assemblée nationale (10/6/99) d'un projet de loi instituant l'expression «guerre d'Algérie» pour faire référence aux «opérations» ! On se souvient également de la première reconnaissance de la responsabilité de l'état pendant le régime de Vichy (16/7/95) par Chirac. Dans les deux cas il a fallu un demi-siècle pour que l'état assume ses positions. Quand on sait l'importance de la perception symbolique du passé à travers les mots dans le processus de construction du présent et de l'avenir on comprend pourquoi ces périodes agissent comme des sables mouvants. Elles engloutissent toutes les tentatives d'appropriations puis de revendications-contestations des «événements». Résultat : la mémoire devient une boite noire dans laquelle l'histoire se décompose et pue. C'est le composteur de mémoire.

Stanislas Bergamote © le Soleil se lève à l'Est - 11/06/1999 - Ville de Talange - Nauroy-Rizzo - micro-Momentum