Le capitalisme, c'est la catastrophe !
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Le capitalisme, c'est la catastrophe !

  Société

01/11/1998

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  Le capitalisme, c'est la catastrophe !
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14/11/1998

Dans son dernier « rapport sur le développement humain », l'ONU ou le PNUD constate :

Les 3 personnes les plus riches du monde ont une fortune supérieure au PIB total (Richesse marchande annuellement produite dans un pays, NDLR) des 48 pays les plus pauvres.
Les avoirs de 84 personnes les plus riches surpassent le PIB de la Chine (1,2 milliards d'habitants !).
Les 225 plus grosses fortunes du monde représentent un total de 5600 milliards de dollars, soit l'équivalent annuel du revenu des 2,5 milliards d'individus les plus pauvres de la population mondiale.

En conclusion, « il suffirait de moins de 4% de la richesse des 225 plus grosses fortunes mondiales pour donner à toute la population du globe l'accès aux besoins de base et aux services sociaux élémentaires. »

A la lecture de ce rapport, il y aurait de quoi avoir froid au dos ou se retourner sur le cul ! Les premières réactions primaires pourraient être de cette veine : « C'est scandaleux, immoral, injuste, voire odieux etc.. » Et les solutions qui viendraient immédiatement à l'idée serait une redistribution, une répartition plus équitables des richesses de l'humanité comme d'ailleurs le préconise le rapport. Ou formulé autrement : « Faire payer les riches » comme énoncé dans le programme « radical » LO-LCR pour les élections européennes.

On n'est pas encore dans le mille. Le système n'est pas porté par les états d'âme, les problèmes de conscience ! Sans être aussi cynique que lui, essayons d'avoir la froideur d'explorer les causes ultimes de cette criante inégalité dans leur matérialité ou leur quintessence !

Alors, il paraît qu'en voiture ou en train, nous voyons les arbres défiler, alors que c'est nous qui nous défilons. Autre banalité, idem pour le « mouvement du soleil », le soleil bouge dans l'univers, mais déceler son mouvement n'est pas à la portée de nos yeux ! Les urologues savent qu'en général le siège de la douleur est souvent différent du siège de la causalité en ce qui concerne la maladie. Pour tous ces exemples, grâce aux méthodes expérimentales, aux simulations ou aux calculs théoriques, on peut distinguer en fin de compte le vrai du faux sans rémission. Hélas, cette démarche est inopérante dans la problématique posée ci-dessus. Dans le système économique actuel (pour ne point évoquer le capitalisme !), le phénomène le plus important de la centralisation (1) ne se voit pas en surface, par contre sa conséquence qu'est la concentration fortement médiatisée à coups O.P.A. au niveau de la bourse est connue de tout le monde (c'est un vrai matraquage, difficile d'y échapper). Etc...

Maintenant, essayons d'aborder le fond du sujet. Si avance l'hypothèse que le processus de la production sociale comprend : la production proprement dite dans les champs ou les lieux de production, l'échange, la circulation et la consommation, dès lors on peut considérer l'échange et la circulation comme relevant de la répartition ou de la redistribution. Ce qui donne comme résultat, pour simplifier en faisant abstraction de la production des moyens de production, la trilogie : Production-Répartition-Consommation. C'est une évidence qu'avant de répartir, il faut produire. Les finalités qui président à la production détermineront bien sûr les types de répartition ou de consommation en aval, la production se trouvant en amont. Et le patron empoche souvent son argent avant que le circuit soit bouclé par le mécanisme du crédit (les fournisseurs s'endettent auprès de leurs banques pour avancer la somme) et des stocks dans les magasins.

C'est au niveau de la production que se font les choix de : Quoi produire ? Comment produire ? Pour qui produire ? Si l'impératif de la production est la rentabilité, le salaire global est un coût dans chaque entreprise. Ainsi, le niveau des salaires (au-dessus d'un minimum légal, s'il existe, dans le cadre d'un travail « légal ») est fixé de même que le nombre de travailleurs, et indirectement le nombre de travailleurs jetés à la rue. Cela induit un premier stade d'inégalité par le chômage ou par salaires faibles, précaires de petits boulots comme le cas en Angleterre avec un faible taux de chômage.

Quoi Produire ? Des yachts, des brosses à dents électriques ou bien les immenses besoins sociaux non satisfaits en termes d'éducation, de logement, de crèches, de garderies d'enfants, de protection de l'environnement etc. ? Sur ce plan, le « bienfaiteur » Rhone-Poulenc, du moins dans ses panneaux publicitaires, a arrêté net ses recherches contre le paludisme quand il s'est rendu compte que les populations destinataires du dit tiers-monde sont insolvables ! Alors que ce même Rhone-Poulenc fait tout pour saboter le vaccin (efficace seulement à 35%, mais cela vaut mieux que rien ) découvert par un médecin colombien qui a commis le délit de céder tous ses droits à l'OMS. Décidément, le sida est une maladie plus intéressante, capitalistiquement parlant !

Comment produire ? Tiendrait-t-on compte de l'épanouissement de celles ou ceux qui produisent (travail enrichissant non répétitif contraire au taylorisme, travail en pièces ou en chaîne etc.), de leur bien-être dans les conditions de travail (stress, cadences, conciliation entre vie privée et horaires de travail contre la flexibilité et l'annualisation du temps de travail etc. .) ? Bien sûr que non, si le profit prime par-dessus tout.
Pour qui produire ? est implicitement contenu dans « Quoi Produire ».

Revenons à nos moutons, ne nous perdons pas trop en digressions vaseuses et verbeuses ou des galimatias dignes d'un néandertalien ! Le premier niveau de détermination étant abordé, alors intervient l'Etat même géré par les fonctionnaires du capital Verts-PCF-PS. Cet Etat par ses politiques budgétaire et fiscale détermine les niveaux des impôts, des cotisations patronales et salariales et les prestations correspondantes. Dans cette répartition, les capitalistes ne seront pas les perdants car ils détiennent le pouvoir réel : presse, financements aux partis, pantouflages etc... Il détermine les allocations familiales en fonction d'une politique nataliste ou pas, les allocations de chômage en fonction de l'intérêt de garder une masse de travailleurs en état de réactivité et de la combativité « en face » pour maintenir la « paix sociale », là où il existe comme ce n'est le cas pour la Somalie ou ailleurs.

Donc, le fétichisme, la « chosification » (2), le philosophe hongrois LUKACS dirait la réification, nous incitent à voir le centre dans la répartition, or qu'il est dans la sphère de la production proprement dite. Comme le mouvement apparent du soleil autour de la terre, le centre est le soleil. Plus précisément, le soleil dans le cas présent, ce sont les rapports sociaux avec dans leur coeur les rapports de production.

Actuellement, avec la réapparition de la paupérisation absolue ou intergénérationnelle croissante, la génération actuelle dans sa majorité vivra moins bien que ses ascendants des « 30 glorieuses ». Il y a un engouement envers la « pauvreté ». Le dernier Prix Nobel est un « spécialiste de la pauvreté ». Des groupes de travail sur la « pauvreté » poussent comme des champignons après la pluie dans plusieurs centres de recherche. L'organisation de séminaires (parfois dans des hôtels 5 étoiles, il faut prendre de la hauteur par rapports aux « pauvres » pour les étudier) sur le sujet atteint une inflation galopante. Avec toute cette sollicitude, les « pauvres » devraient pouvoir dormir tranquille !

Non, ils risquent d'étouffer par manque d'air avec toute cette flopée d'experts à leur chevet. Car comme le rapport de l'ONU, aucune analyse n'est faite des mécanismes qui ont généré cette bipolarisation : à un pôle une petite poignée d'individus accapare toutes les richesses, à un autre la quasi-totalité a juste assez ou peu ou moins que rien. C'est vrai que ces organismes ne sont pas infestés de bolcheviks ! Peut-être en partant des causes profondes, serait-il plus facile à un chameau de traverser le chas d'une aiguille qu'à ces experts d'accepter les conclusions explosives de leurs études ? Au niveau mathématique en tout cas, la supercherie est totale (Voir Atkinson, Poverty in Europe). Il n'y a qu'à voir avec quelle « objectivité » les Etats européens se battent pour l'adoption d'un critère qui minimise leur « taux de pauvreté » au niveau national. Par contre, c'est bien d'avoir des régions « pauvres » ou « défavorisées » pour bénéficier des fonds structurels ou régionaux européens. En définitive, toute approche de ces « inégalités » criantes qui ne prendraient pas comme point de départ la nature des rapports sociaux de production est soit vouée à l'échec (si on est sincère), soit destinée à proposer des somnifères aux « mal-barrés » et un exutoire au système en vigueur ! Ces cogitations débouchent souvent sur des solutions genre CES ou des miettes coupe-faim comme le RMI. Ou bien les « exclus » pourraient apporter à travers des « boulots de proximité » des croissants chauds, des journaux et des préservatifs au moment fatidique aux canailles bourgeoises !

En attendant un bouleversement de fond en comble des rapports sociaux actuels, bouleversement qui n'aura rien de changement cosmétique ou de rafistolage, Que faire ?
  • Elaboration des fondations théoriques solides pour le socialisme : « travailler tous, moins, vivre autrement », car si on en est là ce n'est pas tant par la capacité fantastiquement extraordinaire du capitalisme à s'adapter que par la faible et piètre riposte qui devait venir « d'en face ». Avant tout, il faut D'abord le vouloir !
  • Lutter pied à pied contre les licenciements, les expulsions de logements, de coupures d'électricité et de gaz,
  • Revendication d'un revenu plancher décent pour tous (les gens de -25 ans en recherche d'emploi n'ont même pas droit au RMI),
  • Pour une couverture sociale à tous les travailleurs et chômeurs
  • Lutter contre la dégressivité des allocations de chômage introduites par AUBRY en 1988
  • Non au RMI et aux CES
  • Lutter pour une réduction du temps de travail sans perte de salaires, sans précarité, sans flexibilité, avec embauche correspondante des chômeurs. Pourquoi pas 20 heures ou moins par semaine, après tout avec autant de gains de productivité (même dopé par le pillage impérialiste des pays du dit tiers monde et l'échange inégal), on a droit à une certaine paresse, une flânerie, n'est-ce pas Paul LAFARGUE ( gendre de Karl Marx au 19ième siècle et auteur du « Droit à la paresse » ).

1) Le marché étant le seul régulateur du capitalisme à travers la concurrence (« main invisible » d'Adam SMITH), chaque capitaliste (ou entrepreneur si vous voulez !) est placé devant ce dilemme : écraser le concurrent ou bien crever ou se faire bouffer. Plusieurs méthodes sont utilisées, vendre moins cher qu'un concurrent faible pour l'éliminer du marché même au-dessous de ses coûts de production (dumping), faire de grands investissements pour baisser ses prix tout en les vendant au-dessus de leurs valeurs (profiter avant la diffusion de ses innovations aux concurrents), l'espionnage etc. C'est plus compliqué si avance l'objection des cartels qui ont réussi l'exploit de maintenir le prix même fortement taxé du carburant à la pompe malgré le baril de pétrole à moins de 10 dollars sur le marché londonien ! Mais comment vouloir simplifier ou expliquer le complexe sans déformer ou tronquer ! C'est de la sorte qu'on amasse un grand pactole en achetant les autres à coup O.P.A. Cela dit, il faut noter que le marché et la concurrence sont antérieurs au capitalisme. La particularité du capitalisme serait la suivante : la force de travail est devenue une marchandise. Les conséquences sont importantes : la sphère marchande s'est étendue, tout ce qui se faisait en famille (coiffure, cuisine, garde des enfants ou autre chose... ) ou en collectivité est devenue activité marchande. Même l'air pur est devenu marchandise, ce qui n'est pas à la portée de l'ouvrier moyen. Par contre l'aristocratie et la bureaucratie ouvrière en bénéficient !

2) Le rapport entre les Hommes ou groupes sociaux est pris comme rapports entre des choses, le phénomène apparent est privilégié au détriment de l'essence, ou l'essence est totalement ignorée (Voir Emmanuel Kant dans « Critique de la Raison Pure » : Phénomène et Noumène, Apparence et Essence, « Choses en soi » et « Choses pour soi ». Dans le Capital, oeuvre plus philosophique qu'économique, l'aliénation et le fétichisme sont largement abordés. De même les oeuvres de « jeunesse » de Marx telle que l'Idéologie Allemande. Pour le fétichisme encore, « Le Monde enchanté ou l'envol inflationniste » d'Alain LIPIETZ est très bien foutu. Il n'était pas mal ce LIPIETZ avant que la queue basse il vende sa science de rafistolage du capitalisme au PS ou au Verts « réalistes ».
Herzend © le Soleil se lève à l'Est - 28/07/1999 - Ville de Talange - Nauroy-Rizzo - micro-Momentum