L

es ponts changent de couleur à la nuit tombée.
Celui de Florence, le Ponte Vecchio, mais les autres également, de New York à Paris, de la Moskowa au Houang Ho.
C'est normal, la nuit tombe et efface les pigments.
Et les rues sont comme les ponts, elles deviennent grises ou noires.
C'est vrai aussi à Florence malgré la lune toscane.
C'est surtout vrai dans la banlieue où elles deviennent encore plus noires qu'ailleurs, plus sombres, plus tristes. Des rues trous noirs.
Noire de la nuit, noire de la pollution, noire des formes qui enguirlandent le ruban de goudron jaune-phare qui s'éloigne et semble vivre une autre vie.
Au sortir de la ville, à une heure où elle grouille encore de scooter, Smart et autres vélos, mini-bagnoles et mobylettes, les prostitués africaines prennent position devant les stations services fermées.
Le centre historique est si loin ! C'est une autre ville !
Comme sur le Ponte Vecchio quand se couche le soleil, les habitants noirs, ici de l'autre sexe, se préparent à exercer leur travail.
Sur le pont ils vendent des imitations Vuiton, Rolex etc.
Elles, elles vendent la réalité de leur cul.
A quand des distributeurs de poupées gonflables griffées Lopez, Hurley, Mutti (avec préservatif intégré) dans les stations services ?