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ves Courrière vient d'offrir aux amateurs de Prévert un pavé de 700 pages. Biographie qui arrive à point nommé pour saluer le nouveau siècle dont on est certain que le poète n'avait rien à faire. Citadin du dehors, l'homme des feuilles mortes se nourrissait de l'air du temps, du pur air-du-temps, de l'authentique, pas cet ersatz issu des flatulences du temps médiatique, petit temps fait d'opportunisme qui permet aux médiocres d'être dans la foulée du temps public. Non l'air-du-temps qui se respire, qui se digère, qui nourrit, qui permet de produire une oeuvre populaire. Le poète est un dépollueur de temps, il en ôte les miasmes.
Son époque est identifiable à son oeuvre poétique. L'oeuvre accompagne le temps comme un piéton suit une piétonne inconnue une après-midi de printemps. Aujourd'hui, armé de roues en caoutchouc le piéton piétine trop vite pour flâner tranquillement, les narines frémissantes et l'érection naissante. Le piéton moderne a un volant dans les mains, un écran à la place des yeux ! Le poète, lui, est bien rangé à la bibliothèque municipale.