A propos du film de Benigni, 'La vie est belle'.
home / Les brèves de novembre 98 /
A propos du film de Benigni, 'La vie est belle'.

U
n soir où les lumières des synagogues veillent sur les mémoires... La question n'est pas: ce film a t-il le droit de nous faire rire de la shoah? Lanzman, Spielberg avaient déjà tenté de représenter l'indicible: en vain?
La question est: ce film augmente-t-il ma haine du fascisme? (La question de savoir si la haine du fascisme est malsaine, primaire, fascisante ou salutaire ne se pose que pour les pervers, cela va de soi.)
La réponse est oui, sans état d'âme ni élucubrations philosophicointellectoesthétisantes : ce film nourrit cette haine; et c'est bien ainsi.
Parce qu'ILS ont brisé nos rêves depuis cette nuit de cristal où ils ont brisé, brûlé vitres, livres et bonheurs vécus ou espérés. Depuis EUX, on ne rêve plus; on ne peut plus rêver comme Josué, l'enfant du film, qui continue de rêver grâce au sacrifice de son père. ILS ont tué nos rêves!
Mais nous pouvons les écraser, EUX et leurs HERITIERS, de notre rire comme Benigni les écrase de son rire: l'enfant regarde son père partir entre deux miliciens; le père qui le voit fait le pitre pour effacer l'humiliation, détourner la souffrance. Et la vie paraît belle.
Rire à défaut d'autre chose... Parce que les brutes dans le film ne prêtent jamais à rire.
Les écraser et la vie sera belle!

Comité de rédaction © le Soleil se lève à l'Est - 01/01/1997 - Ville de Talange - Nauroy-Rizzo - micro-Momentum