« Un passé toujours présent » et « Des mots pour le dire »
Réponse aux réponses de Paolo : A la suite de l'article sur le volcan martiniquais, il y a eu deux réactions fort intéressantes de Paolo. Pour être caricatural, l'une me reprochait en partie de ressasser un passé révolu, l'autre l'utilisation d'un vocabulaire ou d'une sémantique prenant les gens pour des précambriens ou des précambriennes. Dans ma première réponse, j'ai adopté un profil bas pour éviter de blesser toutes les susceptibilités, amour-propre que peuvent provoquer ces genres de débats. Cela ne veut pas dire que je vais aujourd'hui enfourcher mon cheval polémiste et provocateur légendaire.
A) Un passé toujours présent
D'abord, je l'avais totalement oublié : les Belges doivent avant tout balayer devant leurs portes ! Je suis totalement d'accord avec toi.
La difficulté de la démonstration ne tiendrait qu'à la longueur. Mais il est facile de faire le lien des horreurs du capitalisme depuis sa genèse jusqu'à maintenant : Génocide des Indiens (de 1500 à 1600, ils sont passés de 60 millions à 3 millions), le vol de leur or (au moins 185 tonnes d'or), de leur argent (environ 16000 tonnes), la traite des Noirs qui en fut la conséquence. La valeur actualisée de cet or et cet argent dépasserait de loin la «
dette » de l'Amérique latine. Il paraît que ce calcul a été déjà par un écrivain-mathématicien mexicain. Jusqu'aux barbaries coloniales en général en Algérie, Madagascar, le génocide des Juifs, des Arméniens, l'oppression des Kurdes et du peuple palestinien. Les supplices subis par les peuples Timorais, Sahraoui, l'embargo odieux contre le peuple irakien. Que dire des massacres «
doux » par famine et épidémie ? Henri Kissenger disait «
Food is a weapon » et les millions de stocks alimentaires de la CEE face la famine des clochards en Occident et des peuples du «
tiers-monde ». Je détiens les preuves formelles que le sida vient des erreurs de manipulations dans les laboratoires bactériologiques américains. Le passé que j'évoque sur les Antilles est toujours présent et ailleurs. Seule,
parfois, la forme change. Certes dans les pays impérialistes comme la France, il y a une forte couche de petits-bourgeois bénéficiant d'un certain confort matériel et jouissant d'un travail «
captivant » qui pense que tout cela relève du passé ou sera résolu ou atténué pacifiquement à l'intérieur du système sans remettre en cause leurs privilèges en jouant sur la pression de la «
société civile ou du mouvement social ». Pétitions par-ci, le trajet Bastille-Nation pour les manifs par-là (c'est déjà mieux surtout en bravant les intempéries !). Je ne dis pas que ce n'est pas nécessaire, mais c'est limité de s'en arrêter là. Le gratin de ces couches se contente bien d'une «
révolution alternative individuelle perpétuelle » qui ne menace en rien le système !
B) Les mots pour le dire !
Comme le dirait l'autre, je ne discute pas des mots pourvu qu'on m'en donne le sens. Actuellement, on est assailli de mots creux tels que mondialisation, productivisme etc. Les spécialistes des sciences sociales des pays latins (surtout en France) utilisent des concepts mathématiques ou physiques sans en comprendre ou expliciter le contenu. Tout cela malgré le canular de Skolal et le pamphlet de Skolal et de Briquemont qui ont fait éructer plusieurs spécialistes français des sciences sociales.
Au fait, je parlais de réaction thermidorienne car le calendrier révolutionnaire était saisonnier (Messidor, Fructidor etc.) et que les décades remplaçaient les semaines (ce qui était favorable à la bourgeoisie, même salaire en 10 jours au lieu de la semaine). Après, on ajoutait 5 ou 6 jours pour compléter l'année. La révolution est comme tout processus soumis à des variations et des fluctuations, la réaction bourgeoise a pris le pouvoir durant le mois de Thermidor en 1795, d'où le nom de réaction thermidorienne.
Peut-être, aimerais-tu un vocabulaire «
politiquement correct ». On parlerait seulement de Révolution française sans parler de ses errements et de son contenu. D'abord, parler de révolution française comme uniquement celle de 1789, c'est historiquement
inexact, car il y a eu les révolutions de 1830 et de 1848 sans parler de la Commune de Paris de 1871. Sans avoir une réaction épidermique en tant que
nègre, je suis très sensible à la révolution de 1848 qui a abouti à l'abolition de la traite des Noirs en rapport avec les révoltes des esclaves aux Antilles. En 1830, l'Angleterre l'eut déjà abolie, le «
pays des droits de l'homme » fut encore en retard !
Et si on parlait du contenu de cette révolution, elle était bourgeoise. Les barrières féodales, les liens de dépendance personnelle avec les serfs sont abolis. Ce qui était progressif. L'esclavage continua, seul l'historien Jean Jaurès en parla à ma connaissance. Les femmes sans droits, la féministe, sociologue et philosophe Olympe De gouges est guillotinée en 1793. Les Sans-culottes réclamaient l'égalité réelle (Voir l'historien Albert Soboul). L'esclavage salarié est institué. Le prolétaire fut maintenant «
libre » de vendre sa force de travail au patron qui le voudra.
La révolution de 1789 est comparable à la révolution bourgeoise russe de 1905 qui a institué le parlement (La Douma) ou celle du crétin Kérensky en février 1917.
Tandis que le but de la révolution prolétarienne d'octobre 1917 était tout
autre. Il s'agissait de clore une époque, celle de l'exploitation de l'homme par l'homme et non une substitution d'un système d'exploitation par un autre. Ce fut un échec. Mais c'est toujours
un question posée et à résoudre.
Il ne s'agit pas de chercher une démocratie parfaite ou totale car depuis la Grèce antique dont la démocratie s'accommodait bien de l'existence d'esclaves, toute démocratie implique exclusion d'une catégorie et une dictature sur elle. En ex-URSS, les droits économiques et sociaux (logement, santé, éducation, avortement) étaient mieux assurés, par contre pour les droits politiques c'était Zéro. Actuellement, ils peuvent voyager, mais plus d'argent. Les magasins sont fournis, mais plus de sous. En occident, tout le monde peut mettre un papier dans une boite pour «
élire » des crétins pour 5 ou 7 ans. Le chômage, l'illétrisme se développent malgré les droits formels au travail et à l'éducation. Le capitalisme d'Etat (ex-URSS), le libéralisme ou le néolibéralisme se ressemblent fondamentalement comme des gouttes d'eau, ils sont tous à jeter aux orties. Ce sera difficile de faire l'économie d'une révolution à venir. Parler de Révolution française (seulement en 1789), c'est comme si on voulait décréter la
fin de l'histoire, «
on est bien et aucune révolution n'est plus nécessaire ». C'est déjà un parti pris idéologique.
Pour terminer sur ce chapitre, permets-moi d'être ringard en citant Marx dans sa lettre au grand Wedmeyer :
«
Il ne revient pas à moi d'avoir inventer les classes et leur lutte. Bien avant moi, des historiens bourgeois tels que Guizot, Mitternich, Michelet l'ont découverte. Ce qui revient à moi, c'est de démontrer :
1) Que l'existence des classes et leur lutte sont liées à des périodes de développement historique.
2) Que cette lutte mènera nécessairement à la dictature du prolétariat
3) Que la dictature du prolétariat n'est qu'une transition vers le communisme, la société sans classes. (J'ajoute la suppression de la démocratie, le règne de la liberté et l'enterrement du joug de la nécessité) »
Autres exemples où le choix des mots est loin des d'être neutre.
SDF : Chirac, Jospin et autres canailles de PDG sont des SDF. Mais ils changent souvent d'hôtels 5 étoiles durant leurs déplacements. Mais Politiquement correct, n'est-ce pas Paolo ?
Mourir de froid : Durant l'hiver, les Sans-Domiciles meurent de froid et non de la misère. S'il s'agissait seulement du froid tout le monde devrait en pâtir. N'est-ce pas Paolo ?
Noir(e)s : Ne parlons pas de toutes les connotations péjoratives liées au terme Noir(e) : nuit noire, pain noir, série noire, humour noir ... Ce serait le hasard du «
politiquement correct », N'est-ce pas Paolo ?
Algérie : On parle des «
Evénements » (quel événement : La préparation du couscous à Tlemcen ou le cri des chameaux !) Ou des «
Evénements d'Algérie » ou plus osé «
La guerre d'Algérie ». Tout cela, avec l'inconscient et le refoulé colonial, ne donne pas le contenu de cette guerre. Ce fut une guerre coloniale du côté de la France et une guerre d'indépendance de la part du peuple algérien.