Ma réponse a un lien avec le point suivant. Globalement, le sport est intégré dans un système qui lui impose une logique de fonctionnement. Suivant le niveau culturel de l'individu, son type de travail, la proximité entre son lieu de résidence et son lieu de travail, l'équipement sportif de son quartier ou de son lieu, la possibilité de garde des enfants, les individus seraient amenés à pratiquer un sport pour leur bien-être au lieu de regarder passivement les «
stars » à la télé.
Mais le hic, c'est que tous ces éléments à commencer par la gestion de l'espace, de l'adéquation entre l'habitat et le travail, la socialisation de l'éducation des enfants sont soumis aux impératifs du profit. Pourquoi pas plus de crèches ou garderies d'enfants plus nombreuses et ouvertes plus longtemps ? C'est seulement quand on a besoin de la force de travail des femmes qu'on les ouvre. Au Luxembourg et en Allemagne, il n'y en a pas ou les horaires sont incompatibles avec un travail dans le cadre d'une «
lutte contre le chômage » ou d'une politique nataliste. Pourtant, les supermarchés ouvrent tout le samedi et Virgin Mégastore même le dimanche ! Cela ne veut pas dire qu'il n'y a rien à faire. Tout au contraire.
On peut dès à présent lutter pour l'équipement sportif des quartiers, des lieux de travail (adaptation de la journée de travail en conséquence), dans les écoles avec affectation de formateurs, l'organisation de compétition entre quartiers ou usines, le boycott des compétitions officielles au niveau national et international (J.O., Coupe du monde etc.), la lutte contre l'embrigadement du sport scolaire et universitaire par les entreprises à travers la création d'un fort mouvement associatif bien ancré dans les quartiers populaires et les lieux de travail. Tout cela constitue une bonne base pour s'organiser et envisager un sport non rythmé par le profit, la concurrence et le marché. Cela nécessite une rupture d'avec les rapports sociaux capitalistes actuels (on peut rêver quelques secondes !). Et l'accouchement d'une nouvelle société, comme tout accouchement même n'étant pas femme, je pense qu'il sera loin d'être indolore. Je vais développer cet aspect en rapport avec le 3ième point, vu le lien déjà évoqué au début.
Tout n'est pas résolu pour autant. De même sous le socialisme ou communisme, les égouts ne sentiront pas comme par enchantement la rose et il faudrait les nettoyer (il faudrait mettre Jospin, Fabius, Chirac, Lagardère etc. à ces nobles tâches, et après nous aussi !). De même il y a des contradictions inhérentes à la pratique du sport qu'il faudra résoudre et que tu as fort justement bien pointées avec le
célèbre paradoxe de Condorcet (sport collectif ou individuel, compétition ou émulation, coopération ou rivalité).
Sur ce plan dès lorsqu'il n'y a plus l'appât du gain, du pouvoir, les petites frictions pourront être résolues par la discussion, la concertation. Le sport sera une activité accessible dans le cadre de leur
libre épanouissement dans un temps réellement libre. On peut se bagarrer sans concessions sur le terrain avec un adversaire, bien entendu en respectant certaines limites (ne pas le blesser ). Ce fut le cas dans une activité sportive dans laquelle j'étais impliqué non pas en tant que pratiquant comme toi, mais comme arbitre. Sur ce plan, je dois avouer qu'étant plus jeune, ma carrière sportive active fut lapidairement elliptique ou elliptiquement lapidaire. Bon, il s'agissait de la lutte sans frappe après la récolte du mil (céréales). Les séances se déroulaient en période de clair de lune. Tout le monde pouvait se mesurer avec n'importe qui sous réserve d'appartenance à la même catégorie définie illico presto à vue d'œil. Les vainqueur et vaincu sont récompensés d'un nombre variable de bonbons. Il arrivait qu'on eût quelques problèmes avec un vaincu pour des raisons de fierté et d'amour-propre, je lui donnais discrètement autant ou plus de bonbons en lui disant soit qu'il a gagné ou c'était tangent, je m'étais trop vite prononcé. Ainsi, rentrais-je entier chez moi.
Par contre, le football, Ah! Le football, il a quelque chose de magique et magnétique. Mon premier match arbitré entre villages environnants fut le dernier. Comment accorder un penalty imaginaire à une équipe hôte tellement dominée qu'elle n'arrive pas à sortir de sa zone ? Je n'ai dû mon salut après le match, non pas à ma pointe de vitesse, mais aux champs touffus de mil à côté du terrain. Par ailleurs, Je n'arrivais pas à y croire quand des copains anarchistes ou libertaires m'ont affirmé qu'ils étaient sur les Champs-Élysées après la victoire de la France en
coupe du monde. Leur explication, c'est la dynamique du groupe, la pression de la foule ! Ils s'en foutaient du résultat. Même, les femmes qu'on croyait épargnées ou immunisées s'y étaient mises ! Mes inquiétudes se trouvent au niveau des sports tels que le football drainant des milliers ou millions d'individus. Pour toi, c'est des sports tel que l'athlétisme. Débat toujours ouvert ...
Pour les sports individuels, avec la disparition de l'appât du gain et l'allocation des ressources au profit des besoins de la majorité dans une autre société, on ne va pas mobiliser construire un machin qui coûte des millions pour gagner quelques secondes ou faire le tour du monde alors que certains parents ne peuvent pas payer la cantine de leurs enfants (Voir «
ça commence aujourd'hui » de
Bertrand Tavernier) , ou mobiliser des médecins pour «
suivre« » des athlètes chargés alors la tuberculose réapparaît surtout dans les foyers et que les caries dentaires s'étendent dans les écoles. Le sport actuel porte à des sommets insoupçonnés la concurrence plus générale entre les individus dans la recherche du travail (le marché encore !) ou le même la lutte pour la conquête du leadership entre collègues de travail. Je m'en arrête là sur ce point en étant insatisfait de ma réponse. Question à creuser encore collectivement pour celles ou ceux qui seront volontaires!