D'accord, je voudrais ajouter quelque chose sur la situation générale quant à l'attitude même des «
gens éclairés » de l'époque envers le colonialisme. Même Marx a dû tomber sur le panneau. N'en parlons pas des autres à quel point ils peuvent être atteints par la vermine chauvine ou européocentriste.. Dieu sait qu'il n'est pas n'importe qui ! Je suis tombé en premier lieu sur ses «
textes sur colonialisme en Inde » où il parlait du caractère «
civilisateur » du colonialisme en Inde (Il y avait de quoi tomber en syncope, quel salaud !).
Il entendait par-là : développement des forces productives, suppression des entraves féodales et des particularismes locaux ou nationaux permettant l'éclosion des conditions de l'expansion d'un prolétariat «
homogène », donc de la révolution prolétarienne. Espèce d'européocentriste !
L'expérience a montré que Marx s'est planté car la révolution prolétarienne a d'abord lieu en Russie «
arriérée », autocratique, peu industrialisée avec une classe ouvrière représentant à peine 1% de la population, et non en Allemagne hautement industrialisée avec une classe fortement développée (La théorie léniniste du «
maillon faible » a vaincu !). Cela doit faire réfléchir à ceux qui dissertent actuellement sur la disparition de la classe ouvrière ou sa transformation en intelligentsia ouvrière. Après tout, le rôle que peut jouer n'est pas tributaire de son poids numérique ! Voir les paysans en France ! Ce n'est pas un exemple qui me ferait jouir ou fantasmer, mais force est de voir la réalité en face pour pouvoir éventuellement la transformer !
Venons-en au plus important : Il arrive aux grands Hommes comme Marx de tomber, mais leur étoffe leur permet de rebondir et de se remettre en cause. Pour citer l'autre, «
L'aigle peut descendre aussi bas que la poule, mais jamais la poule ne peut monter aussi haut que l'aigle ». Le déclic pour Karl viendra de l'Irlande par le biais de son ami, autre grand barbu du 19
ième siècle ou osons l'appeler par son nom malgré la période actuelle (Engels), qui dirigeait l'entreprise de son père (canaille bourgeoise de père !) en Angleterre, pays colonisateur de l'Irlande.
Marx apprit le caractère désastreux, rétrograde et pernicieux du colonialisme à tous les points de vue. Le «
mildiou » décimait la population irlandaise avec les pommes de terre tandis que les bateaux de blé partaient pour l'Angleterre. Parfois quelques tonnes de blé retournèrent en Irlande à titre de charité ou «
d'aide alimentaire ». Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose maintenant ?
Les haricots maliens ou tchadiens qui remplissent certaines épiceries du 16ème arrondissement à Paris tandis les gens crèvent la dalle là-bas ou ... attendent «
l'aide alimentaire » ! Le cas de l'Irlande est pertinent à plus d'un titre. Il s'agit de colonisés
européens, blancs et
chétiens. Aucune distance
géographique, culturelle et
raciale avec leurs colonisateurs. Les Anglais délocalisaient toutes les activités à forte valeur ajoutée en Angleterre comme dans certains pays africains où il était même interdit d'avoir des pressoirs d'arachide pour fabriquer de l'huile. L'arachide devait être transformée dans les huileries de la métropole. C'est toujours le cas avec les transnationales qui exercent leurs activités les plus lucratives, les moins polluantes dans leurs pays «
d'origine », les autres dans «
le tiers-monde ». Après avoir colonisé, charcuté et divisé l'Irlande, un de leurs legs aux irlandais est le conflit «
religieux » entre catholiques et protestants. Cela rappelle les conflits «
ethniques » en Afrique où le colonialisme britannique moins assimilationniste que le colonialisme français est allé jusqu'à créer ex-nihilo des ethnies! C'est plus que diviser pour régner !
Pour terminer sur ce point, Marx changea radicalement de position et soutint la lutte nationale irlandaise contre le colonialisme anglais et même contre le chauvinisme d'une grande partie de la classe ouvrière anglaise. Marx est bien sûr à ranger dans la catégorie des
aigles, Coubertin et tous ceux que je ne veux pas citer dans celle des
poules.