Il est dans la nature de l'homme de penser que tout n'est pas visible, que derrière ce que l'on voit pourrait apparaître des éléments non formulés, d' où le succés des religions, de la voyance.
Quand bien même le monde n'aurait aucun sens, l'homme se pose constamment la question du sens. Entre l'attitude du matérialiste qui nie tout et celle du croyant qui admet l'explication toute faite, l'homme est à l'affut de significations à l'intérieur des signes : le mouvement des planètes, leurs nombres, leurs couleurs, la périodicité de leurs mouvements tel la lune, 28 jours et son rapport avec la femme.
L' homme désire ainsi voir ce qu'il soupçonne. Il devine le labyrinthe.
Vient alors la question ultime : celle du mystère ! Y-a-t-il un secret du monde ?
Pouvoir dire je sais et jongler avec les mots, les lettres, les chiffres. L'ésotérologue s'en donne à coeur joie et laisse perplexe le béotien qui ne tarde pas à tenter lui aussi de pénétrer l'arcane.
Que n'a fait-on dire au zodiaque, au tarot, au yi-king, aux séphirots, au cercle, au triangle, aux lettres qu'elles soient grecques, hébraïques ou syriaques, à la lune, au soleil. Pythagore en serait le premier responsable. La clé c'est le nombre puisque depuis Aristote, on répète que la philosophie de Pythagore, c'est la philosophie du nombre et que le nombre est "la substance et l'être".
Mais voilà, il faut réserver le secret à un petit nombre et par là cacher le mystère. En plus, il faut jurer : la fidélité au secret garantit la non divulgation aux profanes.
Le meilleur moyen de maintenir la séparation est l'initiation : ce sont les épreuves puis la communication de signes, mots et attouchements.
La notion de nombre a dû naître de la contemplation d' une réunion d' objets identiques ou frappés d'un caractère commun. Pour compter, on s' est servi de cailloux; Il en reste les bouliers chinois ou le jeu de billes de notre enfance. Mais compter ne suffit pas. Il doit y avoir quelque chose d'autre.
Le nombre a une fonction symbolique. Il ne relève pas de l'arithmétique mais de l'arithmologie, c'est à dire d'une mathématique métaphysique. Il ne vise pas à énumérer, à dénombrer, mais à dévoiler une structure du cosmos.
Le ternaire est la loi constitutive des choses du monde. 1, 2, 3 : telle est la combinaison initiale de l' arithmologie. Nous allons ainsi jusqu'au 10 formé par l'addition des quatre premiers nombres ( 1 + 2 + 3 + 4 = 10 ) . Nombre parfait par excellence , la
tétraktys sacrée des pythagoriciens représente une nouvelle unité.
Le nombre d'Or passe pour avoir été découvert par Pythagore. Ce secret transmis rituellement fût révélé en 1509 par Fra Luca Pacioli di Borgo sous le terme de "divine proportion".
Le nombre étant la clé de l'univers, tout est proportion. Matila Ghylka redécouvrant l'équation en 1932 publie un livre étonnant remplaçant l' appellation de Fra Luca par "nombre d'or".
Les ésotéristes soutiennent que la formule seule ne suffit pas. Encore faut-il être initié pour la comprendre car la notion de proportion est une catégorie de l'Etre et de l'être avant d'être un mode de raisonnement mathématique. L'initié y accède d'emblée.
Mais après tout, au vu des réalisations pratiques, n'est-ce pas tout simplement l'application d'un principe d'esthétique relevant d'une proportion (très appliquée) de 5/8 ?
Le détenteur d'un secret en jouit. C'est flatteur et il détient là une certaine forme de pouvoir qui ne concerne finalement que son égo.
Doit-on , pour autant , rejeter toutes ces théories qui confinent plus à la poésie qu'à la réalité?
Bien sûr que l'harmonie est dans la nature, merveille d'équilibre et d'esthétique.
Mais dans le Boudhisme Zen, les japonais ne nous ont-ils pas habitués à la dysharmonie, au déséquilibre? Est-ce laid, est-ce beau? La philosophie sous- tendue joue-t-elle un rôle?
Faut-il passer par l'ésotérisme pour contempler et apprécier une oeuvre d'art ?
Après tout l'homme est, et restera toujours, à la recherche du merveilleux. Cet éternel enfant garde tout le temps cette porte entrouverte, celle qui lui permet d'échapper aux vicissitudes de la vie quotidienne et qui lui permet d'accéder sans trop de peine à la poésie, à la création et par là de se ressourcer. Les forces sont-elles dans l'ailleurs ?