New-York macadam
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New-York macadam

Mont-Saint-Martin est une ville de Meurthe-et-Moselle. Des jeunes de la Z.U.P. ont préparés et organisés leurs voyages à New-York afin d'y courir le marathon.

Peut être avez vous suivi l'aventure des Mont St Martinois à New York. Ils étaient partis pour courir 42km 195m, distance célèbre pour avoir en d'autres temps été parcourue ou plutôt courue par Philippidès. La promenade du pauvre homme fut si longue, semble-t-il 42000 mètres, qu'il trépassa à l'arrivée; les 195 mètres suivant ne furent rajoutés que bien plus tard pour satisfaire une reine podagre ou plus certainement paresseuse. J'ai eu la chance de participer à l'expédition.

Nous étions partis pour "faire" le Marathon de New York, amis lecteurs, le groupe entier, onze personnes, parvint au bout. Des nombreuses conclusions, réflexions, leçons que nous en avons tirées, les deux premières essentiellement sportives sont paradoxales :
  • 42 km est beaucoup plus long que deux fois 21 km
  • 42 km avec deux millions de spectateurs semblent plus court que 42 km tout seul quand les jambes en préavis de grève s'entendent avec le coeur qui défaille pour enrayer la machine.

Par transitivité approximative nous dirons que le marathon de New York est épuisant mais vivifiant au sens ou la chaleur humaine rencontrée ragaillardit le trotteur. Il est en d'autres termes passionnant, enthousiasmant.
Le parcours va d'île en île au gré des ponts. L'un d'entre eux me fut fatal, le deuxième long de 2270 m, accusait un dénivelé trop important, je marchais alors pour la première fois. Queensboro tu m'as fait mal aux jambes. Il y en a quatre en tout. Le premier, celui du départ, le grand Verrazano, sur lequel j'ai flâné, mais c'était en attendant de pouvoir courir et puis les deux derniers qui donnent accès au Bronx et nous ramènent dans Harlem. Ils symbolisent l'image la plus forte qui me reste de Big Apple, je veux parler de L'ILE. J'y reviendrai ... , sur elle.

Entre les ponts j'ai vu des orchestres de rock, des bonnes soeurs qui applaudissaient à l'unisson, des enfants et des bonbons. Dans le Bronx si j'ai ralenti un petit peu, c'était pour regarder les nouveautés en architecture urbaine, après la Trump Tower j'avais envie de me nettoyer les yeux. Non, je n'étais pas encore fatigué, enfin pas complètement, il me restait un peu d'énergie. Pas beaucoup. Dans Central Park il n'y avait plus de pont et aucune passerelle, pourquoi ai je encore baissé le régime ? (était ce possible ? NdMF). Je ne m'en souviens plus. II n'est pas impossible que la fatigue m'ait rattrapé. Ouais !. A l'arrivée je n'ai pas oublié de lever les deux bras et puis j'ai dormi assis par terre sous ma feuille d'aluminium et la nuit est arrivée.

Si d'un mot il m'était possible de résumer les informations recueillies, s'il me fallait esquisser un portrait, une grosse pomme juteuse avec en son centre des pépins ne suffirait pas.
Composition gigogne où l'on voit un archipel composé d'îles (C.Q.F.D !) et ses îles, immenses agrégats d'îlots de toutes sortes. Blocs petits et grands, hauts, très hauts et parfois beaucoup plus bas, île de couleurs, d'odeurs. Dans New York chacun est son Robinson. Des villes insulaires, elle à toutes les caractéristiques. Si Venise a inventé le ghetto peut être parlera-t-on un jour d'un Harlem ou d'un Bronx pour qualifier un endroit interdit aux visiteurs non par un règlement mais pour des raisons de sécurité.

D'île en île nous sommes passés de Chinatown à Grenwitch village, de Little Italie à ... je ne sais plus lequel, . Nous avons picoré de blocs en blocs, nous nous sommes perdus dans les longues avenues, dans Broadway avec des chevaux qui portent des flics et des Harley Davidson que chevauchent des mecs avec de drôles de casques qu'on ne connaît que trop bien.
Ville sur une île, ville constituée d'îles, ville fabricante d'îles, la magie du marathon abolit les hiatus, les canaux, les rivières, les séparations. Pendant un peu plus de quatre heures, c'est une île aux trésors de fraternité que nous avons traversée.

Quand nous sommes partis, la nuit avait jeté sur la ville une longue houppelande noire percée de milliards de trous d'épingles qui scintillaient. J'en ai vu des jaunes et des rouges et encore plein d'autres couleurs.

BYE.

Ps

NdMF Note de ma femme.



Nicolas Woerner © le Soleil se lève à l'Est - 31/01/1998 - Ville de Talange - Nauroy-Rizzo - micro-Momentum