home / CCV / / La main La dextérité, cette précision dans le geste « musical » est-elle le produit d'un potentiel inné ou tout simplement le résultat de longues heures de pratique? Doit-on considérer la morphologie de la main comme un critère prédéterminant? Qu'en pensent certains musiciens et qu'en disent les experts d'hier et d'aujourd'hui? ...ah la fameuse dextérité!« Certaines structures de mains sont plus favorables que d'autres à la variété de mouvements qu'implique l'apprentissage du piano. Cependant, chez l'élève dont la main est moins bien équilibrée, il est virtuellement possible d'arriver à d'excellents résultats en compensant par des exercices visant à renforcer certains groupes musculaires. La longueur et la force du pouce sont également des éléments importants dont il faut tenir compte. En effet, le pouce peut compenser en puissance une structure plus faible des autres doigts. Un pouce bien développé assure plus d'équilibre à la main. (Monsieur de Chazal affirmait que les doigts doivent être éduqués alors que le pouce, lui, est né savant). Ce serait une erreur de conclure que la structure de la main est seule responsable de la qualité de la performance au clavier. Il faut aussi tenir compte de la spontanéité du travail musculaire, du contrôle des réflexes nerveux et de l'habileté du musicien à s'adapter à ce que j'appelle la polyphonie des mouvements. » Deux écoles de penséeQu'en disent les musiciens?D'emblée, il nous avoue être beaucoup plus convaincu que la dextérité s'obtient par de longues heures de pratique. Il demeure sceptique quant aux vertus innées de ce « potentiel de départ ». « La forme de la main varie tellement d'un musicien à un autre, explique-t-il, qu'on ne peut parler de structure idéale. » Autre exemple : le fameux pianiste Glen Gould qui valorisait peu le travail mécanique des doigts. Il croyait davantage au sens et au caractère de la musique comme source d'inspiration. Une main « normale » possède au clavier une extension de neuf notes environ. La nature m'a donné de « grosses pattes », ce qui me permet une portée de douze notes - on s'adapte, c'est tout. D'ailleurs, les musiciens qui m'ont le plus impressionné par leur maîtrise n'ont pas nécessairement de grandes mains aux longs doigts. Je pense, par exemple, à Keith Jarrett. La dextérité n'est pas chose acquise, il faut pratiquer et pratiquer encore. L'autonomie de chaque doigt, la puissance et la souplesse, ce serait plutôt ça le secret. Chopin, avant chaque concert, jouait au complet les deux cahiers des fugues de Bach...C'est tout dire. » Au-delà des obstaclesMaurice Ravel a composé pour un pianiste de carrière qui venait de perdre la main droite (Paul Wittgenstein) le fameux concerto « Pour main gauche seule ». Prokofiev, également. Ces pièces compliquées demandent énormément de concentration et de maîtrise au musicien qui les interprète. Mais le résultat est extraordinaire. Inné ou acquisQuand même, si vous avez l'impression de posséder depuis toujours une dextérité toute naturelle, eh bien c'est tant mieux pour vous. Mais pour conserver cette facilité, il vous faudra l'entretenir par de longues heures de pratique. D'un autre côté, l'élève pour qui les débuts sont moins encourageants, obtiendra, après un long cheminement fait de patience et d'exercices, une dextérité qui lui semblera avec le temps depuis toujours acquise. Tirez-en vos conclusions. |
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Noëllise Turgeon © le Soleil se lève à l'Est - 10/10/1998 - Ville de Talange - Nauroy-Rizzo - micro-Momentum |