Du murmure au mur du son
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Du murmure au mur du son

L'oreille

Un sujet comme celui-là pourrait nécessiter une longue étude mais nous nous contenterons d'en comprendre les mécanismes de base en version simplifiée.
Au départ, précisons que l'oreille réussit un véritable tour de force. En synchronisation, elle rend possible la communication avec l'extérieur et nous permet de jouir du plaisir que procure la musique ; elle est de plus responsable du niveau d'équilibre. Cet organe polyvalent est constitué de trois parties : l'oreille externe qui recueille les sons par le pavillon et le conduit auditif externe, l'oreille moyenne qui amplifie les sons par le tympan, et l'oreille interne qui perçoit les sons par une structure osseuse et membraneuse complexe.

Et cette magie du son, comment opère-t-elle ?

On définit le son comme une sensation produite par la vibration d'un milieu élastique (l'air) qui vient « frapper » notre oreille. Notre réception auditive distingue à la fois les bruits ambiants et les sons dits musicaux. Nous parlerons davantage ici de la perception des sons dans un contexte musical.

Que l'on soit musicien ou non, lorsqu'un son est perçu, on le juge comme étant plus ou moins aigu ou grave - il s'agit de la tonalité qui s'évalue en Hertz. Vous savez ce qu'est un Hertz ? En peu de mots, c'est une unité de fréquence équivalant à un cycle par seconde. Vous montez ou baissez le volume d'un appareil audio pour obtenir plus ou moins de puissance ; on fait alors référence au nombre de décibels. Le son possède également un timbre. On le dit pauvre ou riche et il est constitué d'harmoniques. Le timbre, c'est un peu le caractère et la qualité sonore d'une voix ou d'un instrument. Quant à la durée d'un son, on sait ce que c'est et elle se calcule en secondes. Voilà pour l'aspect technique.

Le foetus à l'écoute du monde

Saviez-vous que c'est par l'oreille que le foetus connaît son premier contact avec le monde extérieur ? Un médecin spécialisé en oto-rhino-laryngologie, chercheur et inventeur, l'a prouvé. En effet, le docteur Alfred A. Tomatis a consacré plus de vingt-cinq années de recherche scientifique à démontrer l'importance du sens de l'écoute chez l'humain à partir même de la phase intra-utérine. Dans son livre Les secrets de la musique de l'âme, le Dr. Tomatis est arrivé à la conclusion que l'ouïe précède toute l'organisation cellulaire comme si le processus entier de création dépendait d'elle.

Vous êtes droitier ou gaucher...d'oreille ?

Nous avons deux oreilles mais chacune remplit une fonction différente. L'oreille droite prend la direction des opérations parce qu'elle reçoit plus rapidement l'information. Elle focalise sur un son précis alors que l'oreille gauche se contente de fournir un panorama de l'environnement sonore. Les fréquences les plus hautes sont davantage captées par l'oreille droite alors que la gauche prend le relais pour les fréquences plus graves. Il est intéressant d'apprendre que tous les grands musiciens et chanteurs sont droitiers d'oreille. C'est un absolu.
Bien que plus rares, il existe des cas de « gauchers d'oreille ». Ces personnes n'éprouvent pas vraiment de difficulté à bien percevoir les sons mais le processus de réception est inversé.

Le conditionnement physique de l'ouïe ? ?

Oui, il existe certains exercices très bénéfiques qui visent à augmenter la qualité de notre audition. Cependant, il faut beaucoup de persévérance. Par exemple, vous choisissez une pièce de musique qui vous plaît et dont l'enregistrement est de bonne qualité. Vous répertoriez ensuite les divers instruments qui interviennent dans cette pièce. Il s'agit, à l'étape suivante, de les identifier...un à la fois. Lorsque ce but est atteint, vous refaites cette même expérience mais sans consulter le répertoire des instruments et vous baissez un peu le volume. Ainsi de suite, en diminuant le volume un peu plus chaque fois. Un long apprentissage mais qui en vaut la peine.

Points de référence

Le monde des fréquences, pour la plupart d'entre nous, est un territoire peu exploré. Pour nous situer, retenons quelques points-repères : dans une conversation normale, un interlocuteur français utilise des fréquences de 800 à 1 800 Hz alors qu'un Anglais s'exprime dans un registre de 2 000 à 12 000 Hz. Le niveau de fréquences est encore plus élevé pour les langues orientales.
Lorsqu'il est question d'une tonalité dite « grave », on se situe autour de 250 Hz à 1 000 Hz. Beaucoup plus grave ? Le 2 Hz d'un tremblement de terre. Quant à une fréquence dite aiguë, elle commence vers les 1 000 Hz.
Le registre des décibels, quant à lui, se comprend facilement à partir de points de référence. Par exemple, une conversation à voix forte correspond à environ 70 décibels ; un marteau-piqueur à un mètre de distance de vous correspond à 100 Dbs ; le bruit du tonnerre atteint parfois 110 Dbs et un moteur à réaction, 145 Dbs. Les milieux de recherche scientifique soutiennent que le seuil de la douleur commence à 120 Dbs. Que penser des concerts rock générant jusqu'à 140 décibels ? Et du baladeur qui s'écoute fréquemment à haute intensité ?

Se protéger...mais comment ?

Il existe bien sûr des gadgets tels les boules Quiès et les petits bouchons de cire malléable qui coupent les hautes fréquences si vous devez être exposé à des sons dits traumatisants. Le Docteur Jean-Bernard Causse, spécialiste de la surdité, expliquait dans une conférence présentée à Béziers que ce sont les fréquences très aiguës qui sont les plus nocives car les basses fréquences sont rarement néfastes. Dans l'industrie, on protège l'ouïe des ouvriers par le port du casque antiphone ou par les « coquilles ». Pour les musiciens, il existe maintenant des écouteurs discrets et très efficaces.

Note d'espoir

Antoine est accordeur de piano depuis plus de quarante ans. Lorsqu'on lui parle de son métier, il devient l'oeil brillant et claironne : « Chez nous, dans la famille, « l'oreille fine » c'est une sorte de don! Je l'ai depuis toujours mais je pense qu'avec le temps, ça s'est développé encore plus. Je respecte l'instrument et la musique et ils me le rendent bien. À 68 ans, j'ai une meilleure ouïe que jamais ! »

Donc, tous les espoirs sont permis...


Noëllise Turgeon © le Soleil se lève à l'Est - 06/06/1998 - Ville de Talange - Nauroy-Rizzo - micro-Momentum