D'adret en ubac (et inversement)
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D'adret en ubac (et inversement)

L
e festival de Cannes se déroule normalement avec comme d'habitude son lot de grenouilles de vanité sur le plateau de Canal+. Vanité soulignée par les lunettes noires des icônes potiches. Poser un écran noir devant ses yeux sur le plateau lumineux d'une télévision ressemble étrangement, en négatif, à poser ses yeux grands ouverts sur l'écran blanc d'une salle obscure. De ce côté là on regarde un péplum candidat à la palme d'or, de l'autre on s'exhibe dans un sit-com quotidien dont les Ray-Bans sont l'argument. Ces binocles symbolisent le piège sans pitié où se perd le cinéma au profit de la communication. Ce qui passe à travers les micas n'est que l'écume complaisante d'une relation de fond. On regrette cette dérive insupportable qui plonge l'art en ubac et propulse la télé en adret.

Stanislas Bergamote © le Soleil se lève à l'Est - 19/05/1999 - Ville de Talange - Nauroy-Rizzo - micro-Momentum