La soirée thématique (Thema) «
Des souris et des hommes, ce monde fou qu'on nous prépare, les pionniers du futur » que la chaîne de télévision franco-allemande
ARTE a proposé le 10/02/00 concernant l'avenir électronique, les avancées de la science, les nouvelles technologies a été intéressante sous bien des aspects. Nous n'en retiendrons qu'un, paradoxal, loin des nouvelles nouveautés. Il ne concerne ni la médecine (greffe d'organe), ni la révolution informatique ou le livre du futur (écrit avec de l'encre électronique dont les perspectives d'applications sont absolument sidérantes) rien de tout cela, il concerne la dimension incompressible de toute évolution, c'est à dire l'
homme. Qui a déjà installé un nouveau système informatique dans une entreprise sait que les problèmes techniques sont négligeables devant l'inertie des gens, les habitudes de travail, les contraintes ergonomiques etc. Il connaît l'imprévisibilité de certaines situations et les délais qu'on ne peut raccourcir.
Une fois n'est pas coutume devant une émission de télé, c'est le présent et ses habitants qui nous ont marqués. Il y avait sur le plateau du micro-onde Thema,
Joël De Rosnay, José Bové, Jacques Attali plus quelques autres insignifiants dont un
jeune coq. Alors que le débat, très moyennement mené par l'animateur tournait autour des questions traditionnelles que suscitent ces «
avancées révolutionnaires », éthique, prospective..., le
Coquelet se la jouant roi des cons et seul représentant des jeunes entrepreneurs, dynamiques, médiatiques (modèles affichés pour notre jeunesse non rapeuse) essaya de planter quelques banderilles sur le mode «
avec des gens comme vous on en serait encore aux chars à boeufs », et autres comparaisons dont on connaît les finesses pour avoir eu à les affronter lors des vieux débats sur le nucléaire.
José Bové le rappela opportunément «
logiquement vous allez bientôt opposer bougie et supergénérateur ».
Le Coquelet disait en substance que si ces messieurs, les contradicteurs forcément chenus, boiteux, alzheimeriens, avaient vécu au moment de la découverte du nouveau monde, (l'Amérique précisa-t-il pour prouver l'étendu de sa culture), rien n'aurait été découvert. Et d'ajouter «
il faut foncer, les Français discutent pendant que les autres avancent sans se poser d'inutiles questions ».
On peut l'avouer ici, ce gugusse nous impressionna, oui, il nous impressionna par son degré de conscience politique, non pas proche de zéro mais égal à zéro et par le
vide sidéral de réflexion qu'il affichait sereinement et même fièrement (prêtons-lui cette conscience là !). Le vide sidéral est différent des autres vides en ce qu'il n'a pas de limite. Le vide sidéral ne se trouve pas tous les jours, ni dans son entourage, ni même à la télé, en l'occurrence nous l'avons vu de nos yeux vu dans ses yeux.
Il nous exhortait à foncer sans réfléchir, à prendre des parts de marchés, à conquérir des espaces, à coller au maelström du commerce électronique comme un rémora sous le ventre du requin glouton mangeur d'homme. Tout ça sous prétexte de nouvelles technologies, d'espaces de création, d'avenir déguisé avec les habits séduisants de la virtualité malléable colorée animée, tout ça sous prétexte de dynamisme, de tourbillon, de reprise économique, d'optimisme vénal, d'enrichissement personnel.
Il faut
être de son temps semblait-il dire !
Il faut
maîtriser son temps, avions nous envie de lui répondre !