La voiture ! Objet de convoitise, objet de controverse. Adorée par certains, honnie par d'autres, elle suscite des polémiques et engendre des débats. Est-ce un plaisir, un outil ou ... une
arme ? Finalement, seul l'usager, par son comportement, en donne sa propre définition, tant l'automobile semble métamorphoser certains conducteurs.
Elle semble tout d'abord stimuler l'égoïsme et favoriser les comportements anti-sociaux. Si la voiture ne permet pas d'évaluer l'intelligence de son conducteur, elle permet en revanche d'en mesurer la bêtise.
Tu t'es vu quand tu conduis !
Que pensez-vous des véhicules garés anarchiquement devant la librairie au mépris de tout civisme ? Les feux clignotants de détresse sont-ils des passes-droit ? En tous cas, ils constituent des preuves d'un évident manque du plus élémentaire respect d'autrui. Mais la marche à pied fatigue et prendre son temps est une perte de temps, savoir-vivre est difficile !
Et suivez-vous la mode ? La dernière en vogue est celle des feux antibrouillards avant allumés en permanence. Malgré leur inutilité, de nombreux conducteurs persistent à les laisser fonctionner en plein jour. Il faut éblouir pour mettre son objet en lumière, le kit sport, les jantes en alliage et les pneus larges. Ce comportement-là, même s'il n'est pas sain n'est heureusement pas dangereux.
A l'opposé, celui des macadam cow-boys est carrément criminel. Tels des zéros des temps modernes, ils déboulent en trombe, tous feux allumés avec leur nouvelle arme : le moteur Tdi dernière génération. La route leur appartient. Tout autre véhicule constitue un obstacle et son conducteur un profane qui doit libérer le passage. Les distances entre véhicules sont réduites à leur plus simple expression. Pourtant, un rapide calcul, une simple règle par trois détermine la distance nécessaire à la réaction et au freinage en cas de danger. Ce résultat permet également d'apprécier le quotient intellectuel de l'
abruti-conducteur concerné.
Ensuite, l'automobile permet d'étaler
sa réussite matérielle. Elle constitue le premier élément visible d'une malsaine hiérarchie sociale. Les véhicules actuels sont essentiellement achetés en fonction de leur équipement ; de la multitude de gadgets offerts, de la couleur des sièges et de la moquette et de l'installation multi-média. La dernière innovation ? Le
porte-goblet. Le conducteur ? Il peut tout faire : surveiller l'ordinateur de bord, régler la climatisation, adapter le volume de la chaîne hi-fi, changer le compact disc, répondre au téléphone, ... Il peut même conduire ! Cependant, la multiplication et la sophistication des instruments de bord représentent un facteur de distraction qui réduit la perception de la situation extérieure, provoquant des manoeuvres effectuées à la hâte puisque non anticipées, les équipements électroniques, telles que ABS, EDS, ... permettent de corriger les fausses manoeuvres, isolent le conducteur dans son confort et
inhibent sa vigilance.
En terme de comportement hypocrite, il faut fustiger l'attitude de nos gouvernements qui trouvent en nos nombreuses voitures des vaches à lait providentielles. Elle est, paraît-il, la source de biens des maux : pollution, accidents, encombrement des villes et mettre ses nuisances en exergue permet d'accroître la lourde pression fiscale qu'elle subit déjà. L'automobiliste est traqué, contrôlé et surtout photographié. Pour garantir la sécurité ? Parfois peut-être, mais souvent pour alimenter les caisses en argent facilement gagné. Il suffit pour s'en convaincre de répertorier les endroits où Pandore dispose ses fameuses pompes à fric que sont les radars : au bout d'une ligne droite ou sur une autoroute bien dégagée, jamais au milieu d'un village ou à proximité d'une école !
La vitesse, cet acte barbare, représente la cible de toutes les campagnes de prévention et de répression. Il n'entre bien sûr pas dans mes intentions de défendre ces excès, mais il est décevant de constater qu'ils semblent constituer l'unique motif de l'insécurité routière. Un conducteur
ivre provocant un accident à vive allure, c'est la
vitesse ! Une voiture sans phares allumés par temps de pluie, de brouillard ou à la tombée du jour est-elle moins dangereuse ? Une caravane surchargée, des pneus usés, des distances de freinage non respectées, des routes en mauvais état ? Personne n'en parle et pourtant la liste est longue. Mais n'oubliez jamais !
La route ne tue pas les gens mais les gens se tuent sur la route.
La voiture doit demeurer un plaisir, c'est un merveilleux instrument de
liberté. Que chaque conducteur s'inspire de cette maxime et adopte un comportement social et responsable. Une bonne convivialité entre usagers rendra les déplacements plus agréables.
Bonne route !