L'oiseau de l'écrivain
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L'oiseau de l'écrivain

I
l faut être léger comme l'oiseau et non comme la plume disait Paul Valéry.
La plume volette et virevolte au gré des ascendances, des courants d'airs, des vents coulis, des expirations même infimes. Elle est gracieuse, élégante, on la dirait presque inexistante tant elle ne pèse rien.
Quand elle passe devant le soleil, aucune ombre ne la suit, c'est vous dire sa légèreté évanescente ! La plume subit douillettement, c'est sa nature.
Alors que les oiseaux tant qu'ils ne se secouent pas «Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux» (Rimbaud).
Pourtant, au-delà des mots il existe une ressemblance entre les deux légèretés opposées mais complémentaires (l'oiseau sans les plumes n'est bon qu'à fréquenter le rayon des surgelés), la ressemblance réside dans l'utilisation de l'un et l'autre comme outil d'écriture.
Il suffit de tailler la plume en biseau et de la tremper dans de l'encre pour en faire un bel objet utilisé de longue date pour calligraphier les lettres d'amour.
Pour l'oiseau c'est pareil, on le tient par le cou le cul en l'air (il faut qu'il soit vivant pour pouvoir bénéficier de son caractère, de son énergie), on plonge le bec dans l'encrier puis voilà, il suffit de tracer de belles lettres sur le velin.
Ah, un roman écrit au bec d'aigle !
Pour les phrases chaudes un coq fait l'affaire alors que le colibri est l'outil idéal pour les plumitifs timides.
Conseil : ne pas utiliser de pélican au bec profond au risque de faire de gros pâtés inélégants ou de perroquets qui ne font que répéter bêtement !

Stanislas Bergamote © le Soleil se lève à l'Est - 19/04/2001 - Ville de Talange - Nauroy-Rizzo - micro-Momentum