L'avocat du diable : ... et les inégalités.
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L'avocat du diable : ... et les inégalités.

seconde partie

Si l'on en croit les réactions de certains militants écologistes au projet TGAP (taxe générale sur les activités polluantes), cette taxe serait non seulement insuffisante pour réduire efficacement la pollution mais conceptuellement erronée puisqu'elle ne remet pas en cause le fonctionnement de l'industrie polluante. Elle se contente de s'attaquer aux porte-monnaie des entreprises en espérant que celles-ci trouvent des solutions pour moins cotiser. Le pouvoir politique utilise la contrainte, la sanction plutôt que d'impulser des politiques différentes. C'est d'un transfert de responsabilité qu'il s'agit et le pouvoir politique agit en comptable plutôt qu'en visionnaire !!!

Cette idée de mettre à l'amende peut sembler bonne quand on connaît la sensibilité des sociétés dés lors que l'on touche à la monnaie sacrée, mais l'idée apparaît à la réflexion comme un simple « cautère sur une jambe de bois » ! Soit l'entité est riche et elle paye les yeux fermés, soit cette entité bat de l'aile et une « cotisation involontaire au bien de l'humanité » peut la conduire à une situation gênante sinon grave. Les grosses entreprises ont les moyens de compenser la perte d'argent par divers moyens légaux dont la délocalisation est le plus connus. Elles pourront bientôt, en sus, acheter ou vendre des droits à polluer. Sont-elles vraiment perturbées par une nouvelle taxe médiatiquement correcte ? On a des doutes.

La TGAP est une sanction ou présentée comme telle, le pollueur doit payer. L'objectif avoué ici est de faire baisser le niveau de pollution. Celui qui pollue doit être pénalisé, le sauvageon fumeur va payer pour ses dégâts ! Mais le riche par définition est riche, il paye ses amendes consciencieusement et apparaît ainsi comme un citoyen modèle qui outrepasse la loi mais en assume pleinement les conséquences. Il peut tenir un discours de responsabilité. Le riche a une grosse voix et parle avec autorité.
C'est la limite de la sanction financière.

Le pauvre est un hors la loi qui n'a même pas les moyens des erreurs. Con de pauvre ! Il se tient voûté, et bégaie. Son irresponsabilité le conduit à saccager son seul bien, la terre nourricière, c'est vous dire s'il ne comprend rien !!!
C'est l'iniquité de la sanction financière.

Ainsi la sanction n'est pas une solution, l'amende est un moyen, une arme, un outil pour obtenir un résultat. Confondre moyen et solution est grave et montre que le choix de faire payer relève plus du réflexe conditionné que de la réflexion.

C'est pourquoi l'avocat du diable s'élève contre cette tendance démagogique qui consiste, sans réfléchir, à « faire payer » comme si la sanction allait de soi. Il sait que la population n'est pas une blanche brebis victime d'un système, elle peut et doit réagir comme une entité au pouvoir gigantesque, le pouvoir du « donneur d'ordre » et exercer son pouvoir sur le pouvoir politique.

Lorsque « le politique » tombe dans le piège de « l'économique » en utilisant le levier financier pour essayer d'imposer son autorité, on se dit qu'il est en mauvaise posture. L'économie grâce à son arme fatale, l'argent, réussi à attirer tous les pouvoirs dans ses filets en leur imposant sa règle du jeu : payer pour voir, payer pour avoir, payer pour savoir et payer pour pouvoir.

L'avocat du diable assumant son nom de baptême soutient cette taxe à condition qu'elle serve à impulser des recherches (choix politique) dans les bonnes directions, celles des énergies propres et recyclables.

Nicolas Woerner © le Soleil se lève à l'Est - 06/02/2000 - Ville de Talange - Nauroy-Rizzo - micro-Momentum