Statut des fonctionnaires pendant la Commune
home / Magazine / Politique(s) / Le C.I.O. /

Je pense que ce n'est pas la faiblesse des revenus qui fait qu'un militant devient un « professionnel de la politique » ou pas. Les permanents syndicaux, à EDF, sont payés comme s'ils étaient agents.

Or une rupture avec la société actuelle implique un combat contre la division sociale du travail qui fait des un(e)s des exécutant(e)s (la main), des autres les concepteurs (la tête). Ce qui implique que les « intellectuels » mettent la main à la pâte. Et que les ouvrier(e)s cessent progressivement d'être ouvrier(e)s à l'usine, mais AUSSI en dehors de l'usine. Cela nécessitera une transformation profonde des rapports de productions pour que les ancien(n)n(e)s exécutant(e)s retrouvent non seulement leur imagination et leur savoir-faire dont le taylorisme les a dépouillés, mais participent à la détermination des choix quant à la nature, le processus et le but de la production. En dehors des lieux de travail, ils ou elles doivent devenir des acteurs ou actrices de la vie de la Cité.

Cela implique un dégagement du temps libre pour leur formation selon leurs désirs dans divers spectres de la vie économique, politique et sociale. C'est pourquoi la revendication de la réduction du temps de travail est une revendication éminemment stratégique, non seulement pour lutter contre le chômage avec les faramineux gains productivité qui sont transformés actuellement en chômage ou en précarité pour les un(e)s d'une part, en cadences accélérées pour les « exclus » de dedans. On ne vit pas dans une société duale, mais dans une tendance à la précarisation. Cette revendication est un tremplin pour entrevoir une autre société. Cette rupture ne saurait se limiter à un changement juridique. Il est abscons (là je ne suis pas diplomate) qu'un changement juridique changerait l'essentiel. Quelle est la différence fondamentale entre Renault Régie Publique avant et Renault Société Anonyme actuellement pour les ouvriers ? Si le changement de la propriété juridique suffisait, la France ou les USA seraient socialistes ou communistes en temps de guerre, car tout est nationalisé, même les voitures individuelles particulières sont réquisitionnées.

La nécessaire rupture exige une théorie révolutionnaire qui ne peut venir que de l'extérieur du mouvement ouvrier et populaire, portée en général par des fils ou filles de canailles bourgeoises ayant opéré leur suicide de classe tels que Marx ou Engels. Il faudrait voir des grands serviteurs de l'autre bord d'origine ouvrière ou modeste comme Madelin (père ouvrier OS à Renault ou Hitler grand serviteur de Krupp, Thyssen et Mannesmann), peut-être l'échantillon n'est-il pas exhaustif ? Pour attendre des théoriciens d'origine ouvrière comme Bebel, Liebnecht ou Dietzgen, on peut toujours attendre avec le loto, les multiples chaînes câblées ou de satellites, le crédit qui fait que beaucoup d'ouvriers ne font pas grève ou font des heures supplémentaires comme des c... pour payer les traites de la maison, de la voiture ou du magnétoscope pour regarder quoi ... etc. .

Je suis aussi d'accord avec toi que les politichiens qui n'ont rien de novateur à dire devraient prendre leur retraite. Il en est de même pour plusieurs experts à leurs services. Par exemple, les mêmes économistes, qui croyant déceler une crise de sous-consommation, incitent à la consommation et à l'épargne pour une retraite par capitalisation. Ils feraient mieux de la fermer ? Beaucoup Epargner et Beaucoup Consommer ! ! ! Autant dire se moucher et siffler en même temps !

Le paradoxe fondamental est que pour y arriver cette fondation théorique nécessite un instrument d'avant-garde qui a une distance avec les travailleurs. Cette distance peut être source de « retour en arrière », de dégénérescence, de restauration. Comme en URSS, en Chine et en Albanie. Alors ? Faudrait-il revenir au philosophe bourgeois Erich Fromm qui dit que « l'Homme sera toujours un Homme ou un loup pour l'Homme ». En ce qui ce qui me concerne, si je pense que ses propos sont validables ou plutôt validés, sentirait-on le besoin de vivre une seconde de plus ? Car les besoins végétatifs (boire, manger et procréer) ne sont pas le propre de l'être humain, la quête de sens est orientée par un idéal : la société humanisée ou l'humanité socialisée comme le dit l'autre. De toute façon, si on se suicide la bourse ne baissera ou ne montera pour autant dans un monde qui marche de plus en plus sur la tête, pris qu'il est à la gorge par le fétichisme, l'aliénation, la réification au fur et à mesure où paradoxalement l'homme domine la nature avec le « progrès technique fantasmagorique ».

Herzend © le Soleil se lève à l'Est - 03/05/1999 - Ville de Talange - Nauroy-Rizzo - micro-Momentum