La ruée vers l'or des dollarados
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La ruée vers l'or des dollarados

Si l'internet est bien cet immense 7° continent que rappela Jacques Attali au cours de l'émission d'ARTE « Des souris et des hommes, ce monde fou qu'on nous prépare, les pionniers du futur », alors il est clair que les tentatives de colonisations sont et vont être nombreuses. La règle principale, historiquement démontrée, de toute colonisation est la suivante : le premier qui y est remporte la palme, le plus actif gagne, le plus méchant s'installe pour longtemps. Les autres n'ont plus qu'à courir derrière et récupérer les restes des festins fussent-ils de diamants bruts ou de cacahuètes.

Parmi les innombrables possibilités de développement du réseau, celle qui est privilégiée est toujours la même, il s'agit du commerce et uniquement celle-là. La puissance de séduction du «concept» est telle et le mirage si fort que les subsides coulent à flot. Quoi de plus simple que de monter un « projet start-up », un « portail attrape mouche » (les premières à attraper sont les banques, bien avant les clients) ?

Les dollars investis servent à faire de la pub, à inonder les médias traditionnels de spots. C'est tout !!! Cette pub n'a pas pour objectif d'attirer le surfeur, chaland des temps modernes (le site n'a en général rien d'intéressant à vendre) mais elle sert à attirer d'autres publicitaires. C'est une spirale ! Les banques fascinées par le miroir aux alouettes cassent leur tirelire jusqu'à ce qu'un Nick Lesson (naufrageur officiel de la vieille banque Barings) passe un jour les bornes et paie pour tous les autres.
Déjà les morts tombent et des clés virtuelles sont glissées sous de bien réels paillassons. Les premières start-up rendent l'âme mais l'argent s'est envolé.

Le Coquelet nous proposait ces mirages contre le temps. Il jouait de l'opposition formelle et fondamentalement fausse, opposition à la mode qui consiste à opposer l'image au temps, l'écran à la profondeur. L'image qui bouge, l'image en 3D, l'image de la réussite, l'image du dynamisme, l'image de la jeunesse face au temps, à l'ancrage, à l'ennui, à l'enracinement, à la durée et donc à la finitude.

Le principe est celui des ruées vers l'or, ces folies mythiques qui portaient en elles les mêmes délires que la ruée vers les «dot com» et dans les yeux des startupilamiens brillent des eldorados dollarisés où s'affrontent à la fois de réels passionnés, de réels entrepreneurs et de réels entourloupeurs. Ces derniers sont des dollarados comme étaient les desperados des époques passées. Ce qu'ils bâtissent ? Des villes fantômes. Virtuelles rétorqueront-ils sur le ton de ceux qui savent et qui détiennent le pouvoir.
Virtuelles mais mortelles !

Coquelet est dans un monde en guerre et il fait mine de ne pas le savoir. Coquelet mon co-terrien si tu avais vécu au 15°Sud tu aurais été pilleur, colonisateur, éradiqueur (encore aurait-il fallut que tu aie un vrai courage physique) sous prétexte de découverte, d'avenir brillant et comble des combles, sous prétexte de progrès.

L'avenir et le passé n'existent pas disait Saint Augustin, seuls existent le présent de l'avenir et le présent du passé. Le présent c'est l'immédiateté, c'est la réussite éclair ! Mais le présent d'aujourd'hui est hypertrophié, il est une bulle carnivore qui bétonne les règles incontournables du présent de demain. Coquelet se projette artificiellement dans une illusion de l'avenir et quand il regarde ses pieds et la boue dans lesquels ils s'enfoncent plutôt que de changer de terrain il achète de grandes bottes vertes de vrai caoutchouc, bien réel celui la.

Le scepticisme est dépassé, il ne reste qu'un espoir, celui de voir Coquelet obtenir le rôle de R2-D2 dans «start-up wars». Que la farce soit avec toi, Ô gallinacé.
A voir : dossier libé sur l'arnaque des start up avec des liens sur les sites suivants :


Comité de rédaction © le Soleil se lève à l'Est - 05/03/2000 - Ville de Talange - Nauroy-Rizzo - micro-Momentum